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Compte-rendu de lecture #1

La femme surdouée



La femme surdouée, Monique de Kermadec, Editions Albin Michel, 2019

"Quand elle cherche la conformité et va dans le sens des attentes, la femme à haut potentiel risque de perdre de vue qui elle est vraiment", p. 73.

Contexte de lecture

Cet ouvrage est arrivé entre mes mains un peu par hasard et à un moment (vraiment très) compliqué de mon existence, un moment de détresse profonde. Disons le clairement, j'étais en PLS dans un moment post-trauma, post-PN (avec lequel j'ai passé le premier confinement obligé, lequel s'est prolongé par une séquestration de sa part avant la réussite de mon "évasion"). Donc, j'étais encore au plus bas à ce moment là et je venais de terminer un vaste série d'ouvrages et de vidéos sur les pervers narcissiques. Ce livre clôture la série de mes lectures et de mon visionnage de vidéos portant exclusivement sur les PN (ce passage était pour moi nécessaire). La puce pointe le bout de son nez dans mon oreille : Les proies préférées des PN sont souvent des Hypersensibles et/ou des Zèbres/surdoué.es/ et surtout des Hyperempathes. Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? Il fallait que j'en sache plus. La femme surdouée est le premier livre sur les "surdoué.es" que j'ai lu. C'était en septembre 2020. Clairement, à ce moment-là de mon parcours, j'aurai pu choisir n'importe quel autre livre sur les surdoué.es. Un jour, je suis allée à la FNAC, je me suis assise par terre au niveau du rayon où sont placés les ouvrages sur les PN puisque c'était le thème sur lequel j'étais focalisée à ce moment-là. J'ai regardé si je n'avais pas oublié d'en lire un important. Il y en avait encore plein d'autres mais bon tant pis, là j'en avais un peu marre et puis la puce me titillait de plus en plus. Donc ce jour-là, j'ai bifurqué, j'ai regardé les ouvrages sur les surdoué.es et les "hauts potentiels" (tous mélangés et très très mal rangés soit dit en passant). En tête d'affiche, celui-ci La femme surdouée, un ouvrage assez récent (2019) et rédigé par une autrice portant un nom que j'avais déjà entendu par ailleurs. En effet, avant de le prendre, j'avais déjà commencé à écouter une bonne dizaine de vidéos sur les "zèbres" en général (dont certaines avec Monique de Kermadec ou la citant). Mon oreille bourdonnait au son de la puce. J'ai acheté celui-là comme j'aurai pu en prendre un autre (ce que j'ai fait juste après d'ailleurs). Inconsciemment, j'étais probablement suffisamment intéressée par le fait qu'il parle spécifiquement des femmes HP. Lorsque je suis rentrée chez moi avec ce livre (après quelques hésitations que je mentionne ci-après), je l'ai lu d'une traite, en deux heures.


Pourquoi ce livre est intéressant

Les premières pages, les premiers chapitres : ok ce phénomène de surdouance touche de façons différentes les femmes par rapport aux hommes, bon et alors ? Chapitres suivants : c'est le vertige ! Mais comment est-ce possible que quelqu'un parle de ma vie de façon aussi précise, de façon aussi claire ? Réaction apparemment très classique aux premières "découvertes" (mais à ce moment-là, moi je ne me savais pas encore "..." du tout). Donc on se retrouve, ça fait écho, ça balance dans la tête, ça connecte, ça fuse, ça ME raconte en parlant d'autres gens. Et puis ça pince le cœur aussi, avec cette histoire d'enfants que certaines ont (ce que moi je n'ai pas et qui, à ce moment-là de ma vie était un élément qui me faisait énormément, mais vraiment énormément, souffrir) et par lesquels certaines découvrent leurs surdouances en consultation pour eux. Il reste qu'au delà de passer très vite la partie qui concerne les enfants (qui ne me concerne pas et qui me fait vraiment du mal), le contenu est fluide et très clair. Les histoires mêlées à l'analyse reprennent point par point un grand nombre des problématiques essentielles qui me concerne centralement : estime de soi, relation aux autres, capacités personnelles, projection professionnelle, autorisation d'exister, hypersensibilité niée parce que "tellement féminine" qu'invisible, etc.


Points de méfiance ou de limite

Avant d'acheter ce tout premier livre (avant une longue série), assise par terre à la FNAC, je feuillette les premières pages et les titres des chapitres. J'hésite quand même un peu... Je ne vais quand même pas lire ça, si ? A ce moment-là, je vais vraiment très mal et mon système de pensée (qui fonctionnait tout en force) est construit uniquement sur de la confrontation aux idées que j'estime "trop stupides" pour que cela vaille la peine que je m'y intéresse. Je suis dans le rayon "développement personnel/psycho" de la FNAC quand même ! Moi, l'universitaire chevronnée, qui déteste quasiment "par principe" la psychologie, estime que c'est pour les nul.les qui n'ont pas confiance en elleux (ba oui voyons !)... Et puis ça m'énerve et me dérange beaucoup quand même (en tant que féministe professionnelle) cette façon d'essentialiser les femmes ! Déjà par le titre en disant "la femme"...non mais n'importe quoi ! Je ne peux pas acheter ça alors que je passe mon temps à expliquer aux étudiant.es que, précisément "la femme" au singulier ça n'existe pas du tout, qu'il y a des femmes cis et des femmes trans, des personnes a-genre, etc., que "la femme" est une construction sociale essentialisante, assignatrice, absurde et aliénante. Suffocations. Mais bon, je ne connais à la rien à la surdouance, encore moins lorsqu'elle affecte les femmes. Voyons voir, lisons un peu le début... Je me dis tout d'abord : mais qu'est-ce que c'est crétin cette intro (que je lis sur place pour commencer) sur les controverses liées à "la femme surdoué" avec des statistiques et tout... (j'ai déjà envie d'écrire une critique contre ces formatages genrés absurdes) puis je continue, je picore un peu au pif dans le bouquin...et là je tombe sur le problème de la sur-adaptation, la sur-adaptation des femmes surdouées qui est encore plus grande que pour les femmes "normales"...faire taire aux maximum toutes les ressources de son intelligence pour correspondre, pour ne pas faire de vagues pour tout bien faire "comme il faut" (en plus de "un mari, des enfants"). Je finis donc par l'acheter, le son de la puce grandit encore davantage dans mon oreille. Quand je rentre, je le lis donc d'une traite. Lumière. Ce phénomène existe, non pas tellement "la femme surdouée", mais moi c'est-à-dire : un être humain cis assignée au genre féminin à la naissance (une femme) qui s'avère être (peut-être) "surdouée" et (c'est sûr) "hypersensible", ou en fait, peu importe le nom, mais bel et bien ce truc là qui est très bien décrit dans ce livre : une femme à qui il reste entièrement son destin à construire, et toute seule !

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